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Autor
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Tytuł czasopisma
Opéra -
Tytuł
Carmen -
Data
01.1996
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Treść recenzji
Les dimensions exceptionnelles du plateau et des coulisses du Théâtre Wielki ont permis au cinéaste Lech Majewski de signer une « Carmen » d'une extraordinaire puissance dramatique. Pour cette nouvelle production, dans la version avec récitatifs chantés et en langue française, la direction n'a pas lésiné sur les moyens, construisant dans les ateliers de la maison un gigantesque taureau, de près de dix mètres de haut, qui s'affirme, dès sa première apparition pendant le prélude, le véritable protagoniste du drame. / Au premier acte, en un surprenant jeu de construction, l'immensité nue et angoissante du plateau se peuple progressivement de casemates, murs et autres façades coulissantes, qui finissent par constituer une véritable ville, avec ses étagements de maisons, de terrasses et d'escaliers. Jusqu'au dernier tableau, cette maîtrise de la technique cinématographique, perfectionnée aux Etats-Unis, permettra au metteur en scène de préserver la fluidité des changements de décor et le naturel des mouvements de foule. / La scène finale fait tomber toutes les réserves : alors que le mur extérieur d'une arène avance depuis les profondeurs, Escamillo revêt son costume de toréador, tandis que l'on enveloppe Carmen, selon le même cérémonial hiératique, dans les interminables volants d'une robe noire, noir du taureau et de la mort. Au début du duo final, le mur entame un mouvement de rotation, pour laisser apparaître le corps énorme de l'animal, qui progresse, de plus en plus menaçant, vers Don José et Carmen, jusqu'à les écraser de sa masse. Le coup de couteau devient alors accessoire - on ne le verra d'ailleurs pas! - et le rideau se baisse, avec les loges remplies de l'arène en arrière-plan, Don José sur le devant, et le taureau qui, soudain, fléchit les genoux. A cette lecture fulgurante, Tadeusz Wojciechowski, directeur artistique de l'Opéra de Varsovie, répond d'une baguette extrêmement théâtrale, soucieuse de contrastes, mais également sensible aux raffinements de l'orchestration de Bizet.